« Ce qui trouble les hommes ce ne sont pas les choses, mais les jugements relatifs aux choses ». C’est au philosophe Épictète que l’on doit cette citation, il y a près de 2000 ans… Et elle reste éminemment vraie !
Plus près de nous, le psychologue américain Albert Ellis, le père des thérapies cognitivo-comportementales, ne nous dit pas autre chose avec sa célèbre formule « You feel the way you think » (Comment vous vous sentez dépend de la façon dont vous pensez) ou encore : « Ce ne sont pas les événements qui entraînent des conséquences indésirables tant au plan émotionnel que comportemental, mais bien la perception qu’on en a et la signification qu’on leur attribue. »
Entre ce que je vis et ce que je ressens, qui semblent intimement liés, vient se glisser, insoupçonné, ce que je pense.
C’est le modèle « ABC » développé par Ellis : « Activating event - Beliefs - emotional and/or behavioral Consequences » (Evénement activant - Croyances - Conséquences émotionnelles et/ou comportementales).
L’événement activant (ce que je vis) peut être une situation, une personne, un objet… Il peut être actuel mais aussi passé (souvenir) ou futur (anticipation). Il peut être réel ou
imaginaire. Suite à cet événement, va naître en moi une émotion, agréable ou désagréable (ce que je ressens). La quasi simultanéité entre les deux fait croire qu’il y a un lien direct de
cause à effet. Cependant, la pensée activée par l’événement (ce peut être une croyance, une interprétation, une évaluation, un jugement, un a priori…) vient mettre son grain de sable et c’est
cette pensée qui va déterminer l’émotion qui elle-même va entraîner un comportement et des conséquences.
Si l’événement activant est négatif et les pensées rationnelles, les conséquences émotionnelles seront négatives mais resteront modérées et les conséquences comportementales seront
vraisemblablement appropriées. Par contre, si les pensées sont irrationnelles… !
Prenons un exemple à peine exagéré, proposé par Paul Watzlawick dans son livre Faites vous-même votre malheur : un homme veut accrocher un tableau mais n’a pas de marteau. Il décide d’en
emprunter un à son voisin (événement activant). Dès qu’il pense à son voisin, tout un tas de pensées, de préjugés, d’interprétations lui viennent (hier, il ne m’a pas dit bonjour, il ne m’aime
pas, il est égoïste… Croyances) tant et si bien qu’il ressent une vive émotion négative (conséquence émotionnelle) et s’en va frapper à la porte du voisin pour lui signifier qu’il peut garder son
sale marteau (conséquence comportementale).
Qui, honnêtement, n’a jamais vécu ce type de dérapage ?
La souffrance vient des pensées irrationnelles
Pour Ellis, ce sont les pensées irrationnelles qui entraînent la souffrance. Il les nomme irrationnelles car elles nous font voir la réalité d’une manière illogique, extrêmement négative. Ces pensées sont, selon lui, de 4 types :
- exigences (« s’il m’aimait, il m’offrirait des fleurs », « il faut… », « je dois… » …)
- dramatisation (« il est en retard, il a dû avoir un accident »…)
- évaluation sévère de soi et des autres (« quel imbécile ! »…)
- faible tolérance à la frustration (« ça ne devait pas se passer comme ça ! » …)
La frustration est liée à des croyances irréalistes telles que « la vie doit être juste », « les événements doivent se passer comme prévu », « les autres devraient faire ce à quoi je m’attends », « je dois être parfait et compétent dans tous les domaines »…
Et la sophrologie dans tout ça ?
Par un travail progressif sur soi, la sophrologie nous amène à transformer notre mode de pensée. Un peu comme si nous portions des lunettes déformantes et que nous apprenions à les enlever…
D’une pensée naturelle, nous passons progressivement à une pensée qui contient moins d’interprétations, moins de préjugés (ce que l’on appelle une pensée phénoménologique) puis vers une
pensée sereine et positive (la pensée sophrologique).
Natalia Caycedo donne l’exemple d’une patiente souffrant du syndrome du nid vide : elle avait consacré sa vie à ses enfants et, sa dernière fille venant de quitter le nid, elle était dévastée,
persuadée que sa vie était finie. Progressivement, elle a pu mettre entre parenthèses ses pensées irrationnelles, destructrices, et jouir de la vie qui se présentait à elle plutôt que de
regretter le passé : apprécier le temps libre dont elle disposait enfin, reprendre des activités qui lui plaisaient, apprécier les moments avec son mari…
Cette transformation progressive se fait en apprenant à être ancré dans le présent, connecté à nos sens, en apprenant à contempler plutôt qu’analyser, en
prenant davantage conscience de soi et de ses besoins…
Vous seriez-vous douté(e) que la sophrologie permet de faire un tel travail ? Qu’elle peut contribuer à ce point à votre épanouissement ? Eh oui, la sophrologie n’est pas juste
une méthode de relaxation… ;)